Journée d’études « Le poétique et le religieux en Islam », ENS Lyon – 5/12

A l'ENS Lyon, 15 parvis René Descartes, salle D2. 004

avec le soutien de l’IFI

De la sourate des « Poètes » (al-šu‘arā’) qui trace les frontières du dicible et de l’ineffable en poésie à l’épisode de la zandaqa en passant par la relation entre le Prophète, les laudateurs et les invectiveurs, l’intrication du poétique et du religieux a marqué de son empreinte la culture et la civilisation musulmanes. Si certains poètes se sont accommodés avec la nouvelle religion, d’autres, rebelles et contestataires, n’ont pas hésité à la défier et à s’y opposer frontalement. Animés par des réminiscences préislamiques, un attachement aux plaisirs bachiques ou des croyances anciennes, des rhapsodes et des poètes ont eu des relations complexes et versatiles avec l’islam. Quelle que soit l’époque concernée, les rapports entre ces deux sphères ont incessamment oscillé entre collision et collusion, fusion et confusion.

L’Islam a également modelé et façonné la création poétique et lui a offert un corpus doctrinal et un horizon métaphorique. Le Coran et les ḥadīṯ imprègnent les dīwāns ; l’influence des mutakallimūn est de plus en plus perceptible dans certaines compositions ; la qaṣīda assimile le versant religieux à travers le lexique théologique qu’elle mobilise et les introductions parénétiques. La tonalité ascétique traverse les siècles pour atteindre son faîte dans les pièces d’obédience mystique, en particulier dans les multiples réécritures de la Burda. Par-delà la matérialisation esthétique de la relation de connivence ou de discordance entre les sphères poétique et théologique, celle-ci a bénéficié également d’un cadre théorique qui trouve une réelle résonance dans les travaux des poéticiens et rhétoriciens arabes (Ibn al-Mu‘tazz, Qudāma, al-‘Askarī, al-Ǧurǧānī, etc.). Leurs traités soulignent la pertinence de cette dialectique et irriguent les débats liés à la portée et à la nature du discours poétique.

Outre le contexte bagdadien ou damascène, le rapport entre le poétique et le religieux investit d’autres horizons, en particulier andalous et persan, et témoigne de la permanence et de la vivacité de cette problématique. Dans le sillon des pièces d’Abū l-‘Atāhiya et d’Ibn al-Fāriḍ, le souffle mystique nourrit les productions de poètes persans, à l’instar de ‘Ayn al-Qudat al-Hamadani, de‘Attar et de Galal al-Din al-Rumi. De Cordoue à Nishapour en passant par Bagdad et Damas, cette journée d’études se veut une traversée poétique du monde arabo-musulman médiéval au prisme de la relation matricielle entre les paradigmes esthétiques du profane et les impératifs impérieux du sacré.

LE PROGRAMME

Le poétique et le religieux en Islam (affiche et programme)
Bouton retour en haut de la page