Parution: L’orientalisme en train de se faire, par M.Bossaert, E.Szurek & A.Jomier (dir.), EHESS, 2024

Une enquête collective sur les études orientales dans l’Algérie coloniale

La correspondance de René Basset, créateur de l’école d’Alger puis doyen de sa faculté des lettres, révèle un pan méconnu de l’histoire coloniale, par le biais de courriers tout autant universitaires que familiaux ou encore politiques. Ces archives donnent à voir une science qui se développe sur le terrain colonial, et grâce à lui, mais aussi la constitution d’un milieu savant européen.

Juillet 2014 : un camion venu des Vosges arrive à Paris. Il contient deux coffres en bois et des dizaines de cartons : ce sont les archives de l’orientaliste. Dans celles-ci, nous retrouvons les multiples correspondances du linguiste, spécialiste des langues arabe et berbère, ayant fait toute sa carrière à l’université d’Alger. Pilier de l’entreprise coloniale française, cet établissement était alors le terrain d’une expertise scientifique concernant le Maghreb et ses langues. Avec les diverses opérations politiques et universitaires de Basset, Alger devient l’un des principaux centres de l’orientalisme savant dans le monde au tournant du XXe siècle.

Ce fonds permet donc de saisir cet orientalisme en train de se faire, au quotidien, sur le terrain colonial, dans les salles de classe, et jusque dans la confidence des familles. Au terme d’une enquête au long cours menée par des historiennes et des historiens, des étudiantes et des étudiants, des archivistes et des bibliothécaires, cet ouvrage propose une relecture de l’histoire des études orientales. Il invite à repenser la notion d’orientalisme depuis l’Algérie coloniale, dans la perspective d’une histoire sociale.

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