Le Monde des religions vient de publier une enquête sur le renouveau de l’islamologie en France intitulé « Comment l’étude scientifique de l’islam est sortie de l’ombre depuis les attentats djihadistes de 2015 » (Débats, Le monde des religions, 15/11/2025), dans un arc chronologique qui va des premiers crédits recherche « Islam, religion et sociétés » du Bureau central des cultes (Ministère de l’intérieur, DLPAJ) aux dispositifs de l’Institut français d’islamologie.

Virginie Larousse y interroge et la direction de l’IFI, M.Pierre Caye et Mme  Juliette Dumas ainsi que le président du Conseil Scientifique Mohammad Ali Amir-Moezzi. Elle a également interrogé les historiens et islamologues Emmanuel Pisani, Pierre Lory, Haouès Séniguer, John Tolan et Guillaume Dye…

Introduction de l’article:

Enquête.  Autrefois fleuron de la recherche française, l’islamologie a connu un décrochage à partir des années 1980. Les attaques de 2015 ont obligé les pouvoirs publics à se remobiliser dans ce domaine de la connaissance. Si la discipline a depuis retrouvé des couleurs, la rémission reste précaire pour ce sujet académique, mais aussi très politique.

L’an 2015, annus horribilis pour la France, frappée par une vague terroriste sans précédent. Le 7 janvier, la rédaction de Charlie Hebdo est décimée. Le lendemain, une policière est abattue à Montrouge (Hauts-de-Seine). Le surlendemain, l’Hyper Cacher de la porte de Vincennes, à Paris, est pris d’assaut. Bien que le territoire national soit placé en alerte de vigilance maximale, cela n’empêche pas les terribles attentats du 13 novembre d’être commis au Stade de France, à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), au Bataclan et sur des terrasses des 10ᵉ et 11ᵉ arrondissements parisiens. Au total, on dénombre près de 150 morts et plusieurs centaines de blessés dans ces attaques ayant pour dénominateur commun l’islamisme – elles seront revendiquées par Al-Qaida et par l’organisation Etat islamique (EI).

Quelques mois avant l’hécatombe terroriste, en septembre 2014, le CNRS avait rendu public son « Livre blanc des études françaises sur le Moyen-Orient et les mondes musulmans », un rapport relatif à la situation de la recherche en France dans ces domaines. Rédigé sous la houlette de l’historienne Catherine Mayeur-Jaouen, en concertation avec les représentants des laboratoires concernés, il tirait la sonnette d’alarme : « L’islamologie française, c’est-à-dire l’étude de l’islam comme religion et système de pensée, est menacée de disparaître, quand elle prospère partout ailleurs dans le monde (…). » Or, insistait l’autrice, « l’étude approfondie et véritablement scientifique des textes reste une nécessité à l’heure où tant de courants islamistes invoquent justement ces sources, à l’heure où les ventes de livres en arabe sont massivement, partout dans le monde, France comprise, des livres religieux de l’islam prémoderne » […]

 

La suite de l’enquête sur https://www.lemonde.fr/idees/article/2025/11/15/comment-l-etude-scientifique-de-l-islam-est-progressivement-sortie-de-l-ombre-depuis-les-attentats-djihadistes-de-2015_6653505_3232.html